ninabel

Je l'ai observé par la fenêtre             (au lieu de prendre mon cours...)
Je ne voyais que ses cheveux, mais je savais que c'était lui. Et puis j'ai ressenti cette horrible douleur sourde remonter de mon ventre à mon coeur. J'ai voulu détourner la tête, m'empêcher de fixer mon regard sur lui. J'ai eu du mal, puis finalement la madame Philosophie, c'est mise à parler de désirs et de passion. Je me suis mise à l'écouter, pensant naïvement qu'un de ses philosophes préférés auraient peut-être une solution à m'apporter. (Figurez-vous que non...).
Quand soudain, ma poche de sweat vibre. C'est lui. Il nous voit. Il sourit par la fenêtre et nous fait des signes. Sa voisine nous fait des grimaces, je souris. Et le regarde. J'ai mal.    Il me tire la langue. J'ai envie de l'embrasser. Je l'insulte par sms. Il sourit. J'ai encore plus envie de l'embrasser. Et j'ai encore plus mal. Mais je sourit aussi et je lui retire la langue.
Nous voila dehors, avec les autres. Il me taquine, me titille. Gentiment. Pour me faire rire et rire aussi. Je ris. Et je le regarde. Il sourit. De son sourire que j'aime tant. Je ne vois plus que son visage. Je ne vois plus que lui. Je ne vois plus que celui que j'aime. Et j'ai cette irrésistible envie de ses lèvres sur les miennes. Il me chatouille, me prend les mains pour m'empêcher de bouger. Je suis si près de lui. Je pourrais mettre ses mains sur mon ventre et me serrer contre lui. Je pourrais mettre ma tête sur son épaule. Je pourrais l'embrasser. Mais non. Je ne peux pas. Et j'ai mal car l'envie est trop forte. Alors je m'écarte, discrètement, mais le plus rapidement possible pour ne pas faire de conneries.
Mais cette putain de douleur et d'envie est toujours là. Des images, des souvenirs, des rêves se mélangent dans ma tête.
Je voudrais tant, je rêverais, d'une dernière fois. Juste une fois. Ses lèvres contre les miennes. L'embrasser à en perdre la tête.
Mais je sais que je ne peux pas. Je n'ai pas le droit. Autant pour lui que pour moi. Alors je me tais, je souris, je m'écarte doucement et je ris de ses bêtises.

Par ce chemin que j'emprunte tous les jours. Par ce jeune homme qui rentre de l'école avec ses trois charmants enfants. Par la plus grande qui court loin devant eux. Par le petit garçon qui traine derrière dans son monde, en observant les arbres et le ciel. Par le regard de son père quand il le regarde, attendri. Par la voix du père, un peu inquiet de voir sa fille s'éloigner autant. Par ce grand-père qui cajole son petit fils. Par les perruches qui piaillent dans le ciel. Par les gardiens dans leur camionnette blanche qui veulent fermer les portes du parc. Par les feuilles mortes sur la pelouse. Par les corbeaux perchés un peu partout. Par ce petit garçon qui fait tourner la terre mais qui a peur de descendre du trottoir en vélo. Par la musique dans mes oreilles.
Par la moindre petite chose, tout me ramène à lui. Et tout me dit et me hurle que je l'aime.
Et le ciel, lui, me rappelle que ce n'est plus réciproque.

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